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Roches plastiques et plutonium : les marqueurs que nous posons dans les profondeurs du temps

Jun 23, 2024

Nuage champignon de « Gadget » au-dessus de Trinity, quelques secondes après la détonation, le 16 juillet 1945. Photo : Département américain de l'énergie

Les roches gardent le temps. Pas à notre époque à l’échelle humaine, mais à l’époque profonde : la durée presque inimaginable des milliards d’années qui se sont déjà écoulées.

Disons que vous êtes dans un futur lointain et que vous recherchez des preuves de civilisations antérieures. Où regarderais-tu ? La première place serait dans les rochers.

Pendant des décennies, les experts se sont demandé si notre impact mondial sur la planète représentait le signe d’une nouvelle période géologique, l’Anthropocène. Ce n'est que récemment que des scientifiques ont choisi un petit lac au Canada comme site qui témoigne le mieux de notre impact.

En effet, les eaux du lac ne se mélangent pas, ce qui signifie que les sédiments tombant dans le lac sont déposés de manière nette et incroyablement détaillée. Sur de longues périodes, les sédiments varvés du lac ont conservé un excellent témoignage intact de l'Anthropocène.

Mais que faudrait-il qu’il y ait dans ces sédiments pour laisser des traces indélébiles de notre présence ? Voici cinq des marqueurs que nous laissons pour l’avenir.

Quels repères posons-nous dans la roche ?

Nous divisons le temps profond en plusieurs parties. Tout le monde connaît des périodes comme le Jurassique. Mais qu’est-ce qui les sépare ? Habituellement, un changement dans l’environnement global si important qu’il laisse des traces permanentes visibles dans les couches rocheuses. Cela pourrait être une frappe d’astéroïde, des éruptions volcaniques gargantuesques dans ce qui est aujourd’hui l’Inde ou des milliards de bactéries injectant de l’oxygène dans l’atmosphère et rendant la respiration possible.

Ainsi, pour déclarer que nous sommes dans une nouvelle époque géologique – et que nous avons laissé derrière nous le doux Holocène post-glaciaire – il faut trouver des preuves de marqueurs indubitablement clairs. Voici cinq possibilités.

1. Plastiques et roches en plastique

Les plastiques ne sont pas produits naturellement : ils sont fabriqués à partir de matières premières telles que le pétrole, le charbon, la cellulose et les gaz fossiles. La présence de plastiques dans une couche de sédiments ou de roches est un signe clair que la couche date des temps modernes.

Il existe également des plastiglomérés, les descendants mutants du plastique et de la roche. Ceux-ci ont été trouvés dans plusieurs endroits dans le monde. Ils peuvent être produits lorsque le plastique est chauffé, comme dans les feux de camp ou les feux de brousse. Mais on les trouve également dans d'autres endroits comme les ruisseaux.

2. Béton

Le béton est aujourd'hui la « roche » artificielle la plus abondante à la surface de la planète. Les futurs archéologues pourraient creuser dans la boue et les détritus pour identifier le moment où l’utilisation à grande échelle du béton est devenue évidente pour la première fois. Cela leur dirait qu'ils ont frappé le 20ème siècle. Le béton, bien sûr, est utilisé depuis des millénaires – le béton romain antique est encore debout à certains endroits. Mais ce n’est que récemment que ce phénomène est devenu omniprésent.

3. Os de poulet

Les humains aiment le poulet. En 2018, nous mangeions environ 65 milliards de ces oiseaux par an. À tout moment, 23 milliards de poulets sont en vie. Mais pourquoi des os de poulet seraient-ils un signe révélateur de notre présence ici ? En raison de leur fréquence – et parce que notre longue dépendance à l’égard de ces oiseaux les a radicalement modifiés. Ils ne ressemblent plus à leurs ancêtres élégants, les oiseaux de la jungle : ils sont beaucoup plus gros, grandissent plus vite et se nourrissent différemment. Les poulets de chair (de viande) ne peuvent pas survivre sans intervention humaine. Ces changements sont si profonds que c'est comme si nous avions créé une nouvelle espèce, selon Jan Zalasiewicz, expert en paléobiologie et en anthropocène, qui a déclaré à l'AFP : "Cela prend généralement des millions d'années [...] mais ici, il n'a fallu que des décennies pour produire une espèce". nouvelle forme d’animal.

4. Plutonium et résidus nucléaires

Les essais nucléaires ont commencé dans les années 1940 et se sont accélérés au cours des années 1950 et 1960 avant d’être progressivement abandonnés. Les tests de nouvelles bombes se font désormais sans les faire exploser. Mais ces décennies d’essais au XXe siècle ont laissé derrière elles un marqueur temporel de pollution dans notre environnement.

Les essais d'explosifs ont dispersé des traces de rayonnement sur la planète entière. Le plutonium, en particulier, constitue un excellent marqueur de l’impact humain au XXe siècle. Bien que cela se produise naturellement, ce n’est qu’à des niveaux incroyablement bas. La quantité de plutonium répandue lors des tests a laissé une nette pointe, comme une empreinte digitale, dans l’environnement. Même aujourd’hui, nous pouvons identifier des échantillons des années 1950 et 1960 grâce à la présence de plutonium et d’autres radionucléides.